Intérêt de l'ostéopathie dans la prise en charge des tendinopathies épicondyliennes.
- O. SALAVERT - Ostéopathe D.O.
- Oct 6, 2017
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Connues sous le nom de tennis elbow, l'atteinte des tendons épicondyliens est un motif de consultation extrêmement fréquent en médecine manuelle. Elle touche environ 2,8% de la population et peut augmenter jusqu'à 7,4% dans les populations dont l'occupation implique l'utilisation répétitive des membres supérieurs.
Le pic d'incidence se situe entre 45 et 54 ans, atteignant plus typiquement le membre dominant.
Bien que le processus pathologique soit encore à ce jour l'objet de nombreux débats et qu'aucun consensus n'ai encore été atteint, les observations les plus récentes semblent démontrer que les tendinopathies épicondyliennes (TE) s'accompagnent de changement dégénératifs comme une augmentation des fibroblastes et une désorganisation du collagène plutôt qu'à la multiplication de cellules inflammatoires.
De nombreux traitements ont été proposés pour les TE, allant des interventions médicales comme la chirurgie à la médication, la physiothérapie, le traitement par exercices et enfin l'utilisation de manipulation ostéo-articulaire.
Vu que les causes sous-jacentes à l'apparition d'une TE ne sont pas encore connues, il n'est pas étonnant qu'aucun accord n'ai encore été atteint quant au meilleur axe thérapeutique. Il semble également que parmis toutes les études proposées sur ce sujet, peu d'entre elles disposent d'une qualité véritablement satisfaisante. Les études portant notamment sur l'efficacité de la médecine manuelle sont particulièrement concernées par l'absence de double aveugle.
Malgré tout, les techniques manipulatives sont proposées comme traitement depuis le début du 20e siècle. Christopher R. Herd et all nous proposent une revue de littérature (C. R. Herd, Brent B. Meserve: a systématic review of the effectiveness of manipulation therapy in treating latéral epicondylalgia. J Manuel & Manipulative therapy) concernant leur efficacité.
Ces différentes conclusions peuvent facilement servir à comprendre ou positionner l'ostéopathie dans le suivi d'une TE et quels en sont les effets/limites supposées.
Voici un tableau récapitulatif des conclusions de cette revue de littérature:

Les études retenues par cette revue utilisent principalement les test PFGS (pain free gris test), PPT (pressure pain threshold), VAS (visual analog scale), ULTT2b (uppercut limb tension test 2b) et DASH (disability of the arm, shoulder and hand).
Il est regrettable que l'auteur n'ai pas pu retenir des études de design comparable selon les techniques retenues afin d'en mesurer l'efficacité à court, moyen et long terme.
Les techniques de Mulligan combinent mobilisation ostéo-articulaire et contractions musculaires. Bien que non spécifiques à l'ostéopathie, elles se rapprochent fortement des techniques dites "d'énergie musculaire" et de Stanish. Elle visent avant tout à recruter la musculature dans une position articulaire optimalisée. Leurs effets selon plusieurs études de qualité satisfaisantes semblent se prolonger au delà de 12 semaines.
Ces conclusions peuvent nous pousser à penser qu'un travail spécifique et en situation de contraintes corrigée et contrôlées soit à recommander. Elles ont tout leur intérêt dans un suivi de kinésithérapie.
Les techniques de manipulations et de mobilisations cervicales se proposent dans le but de diminuer les contraintes dans le membre supérieur et particulièrement autour du nerf radial. Il semble que cette prise en charge ai un intérêt à moyen et long terme.
Les techniques de Cyriax sont un grand classique de la prise en charge en kinésithérapie dans le cadre de tendinopathie et plus particulièrement d'insertion. Bien que les conclusions de cette revue de littérature soulève la meilleure efficacité de l'infiltration, elle reste une méthode d'approche non invasive satisfaisante à court terme (6 semaines).
Les manipulations du poignet sont souvent un traitement proposé dans la prise en charge d'une TE au vu de la biomécanique conjointe des articulation du coude et du poignet. Elle semblent particulièrement indiquées à très court (3 semaines) et court terme (6 semaines) dans la diminution de la douleur mais ne semblent pas avoir d'effets fonctionnels avérés (effet inférieur à l'US après 6 semaines).
Il semble ressortir de cette revue que les techniques Mulligan (MWM) obtiennent un meilleur résultat sur la fonction à court terme (PFGS: +47,5% pour MWM, +35,7% pour les manipulations/mobilisations cervicales).
Les manipulations du coude et particulièrement si une approche neurale y est combinée ont montré une efficacité à court et à long terme (> 3 mois).
Des observations récentes tentent à prouver que l'inactivité due à la douleur intervient fortement dans une installation chronique d'une TE. Bien que souvent mise en opposition, l'ostéopathie et la kinésithérapie semblent dans le cadre de cette prise en charge montrer une grande complémentarité. L'ostéopathie étant composé de technique essentiellement passive et bien qu'une diminution de la douleur puisse conduire à une reprise d'activité, la kinésithérapie semble dans ce cas particulièrement indiquée.
Ainsi on pourrait conclure de cette revue que l'ostéopathe viserait en priorité à libérer le poignet et le coude du patient par manipulation afin de garantir une diminution de la douleur à court et moyen terme. L'approche neurale (neurodynamique et manipulation cervicale) viserait quant à elle à garantir une moindre tension dans le membre supérieur et dans le tronc radial sur le long terme.
Le kinésithérapeute dans une approche à moyen et long terme aura toute sont importance dans la rééducation de cette région.
Il serait très intéressant de mesurer l'efficacité des techniques manipulatoires et fonctionnelles en fonction du bilan échographique et du délai de prise en charge par rapport au moment de survenu de la TE car les résultats exposés plus haut semble être basé sur des populations souffrant entre 4 et 9 mois.
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